jeudi 1 août 2013

Javier Calvo : "Les lunes de Barcelone"- "Le jardin suspendu" (Espagne)

***** Les lunes de Barcelone (2010) – Genre : Barcelone au 19e siècle en mode roman noir et gothique

Pas facile de dire si le livre m’a plu ou non…
J’ai d’abord été attirée par le contexte historique de la Barcelone de l’ère industrielle au XXe siècle, et le dépaysement que procure cette histoire dans les bas-fonds de la ville aux côtés de personnages quasiment issus de la cour des miracles. Une atmosphère un peu à la Eugène Sue des mystères de Paris, mais en plus glauque et pervertie.
Le roman se laisse ainsi lire rien que pour le plaisir de découvrir les descriptions et l’ambiance de la ville, en pleine "révolution industrielle". On ne s’attache pas du tout aux personnages (un inspecteur chétif et cocu, un savant disséqueur de cadavres et ne supportant pas la lumière soudain libéré après 7 ans de prison, la sourde muette qui vit avec lui, un romancier de feuilletons graveleux, une bande de gamins des rues, etc.) mais point n’en est besoin jusqu’aux trois-quarts du récit.
Ensuite, arrivée vers la fin, cela s’est corsé pour moi, j’ai perdu le fil et la dernière page tournée, j’ai réalisé que je ne comprenais pas du tout le fin mot de l’histoire. Pas compris qui étaient les méchants d’entre les méchants, les liens entre les personnages. Pas compris la fin.
J’aurais interrompu ma lecture aux trois-quarts du livre, je restais sur une bonne impression. La fin m’a trop glissé entre les doigts et me laisse ensevelie sous l’incompréhension.

***** El jardin colgado - Le jardin suspendu (2012) - Genre : Chronique d'anticipation politico-policière de l'Espagne post-franquiste de la fin des '70


NB: Attirée par le mot jardin dans le titre, j'ai acheté le livre en VO... Mais de jardin, il n'en est pas question : le titre est emprunté à une chanson de The Cure - et moi qui n'avais même pas tilté !).

Barcelone toujours, mais en contre fonds, et changement d'époque (propulsés dans les '70) et d'environnement (nous découvrons "La Nouvelle Espagne" de la transition démocratique 1 an après la mort de Franco).

C'est un drôle de livre que ce second roman du Barcelonais Javier Calvo... récit de guérilla entre d'insolites agents de services secrets dirigés par un chef gros et gras, brillant et grotesque tas de chair amateur de puzzles, et un groupuscule terroriste d'extrême gauche...
Au début du roman, le lecteur doit faire l'effort de s'immerger dans les débats sans fin de diverses associations syndicales et universitaires qui se ramifient autour de cette organisation terroriste... Dur alors pour moi de suivre d'autant que j'ai lu le livre en espagnol et suis peut-être passée à côté d'infos saillantes. Le lecteur finit par comprendre qu'il doit suivre en particulier le destin de Teo Barbosa, un agent secret infiltré au sein du groupe, personnage très surprenant, impulsif, genre sincère, mais plutôt attachant.

Finalement assez dérangeant de par l'intrigue plutôt compliquée et vraiment déjantée a mon goût et les nombreux personnages qui paraissent plus bizarres les uns que les autres (les terroristes qui finissent terrés sur une île près d'Ibiza portent des surnoms de personnages des contes de Grimm, écoutent complètement camés les Sex Pistols), et le message derrière tout ça...

J'ai pensé à Orrwell entre autres en lisant ce livre. Puis la fin hallucinée m'a projetée dans les pires scènes de carnage du roman dystopique "ROMAN" de l'écrivain russe Vladimir Sorokine, un vrai parallèle...
Javier Calvo a dit avoir écrit un crime fiction en décrivant l'époque de la transition démocratique comme triple sacrifice : de l'Histoire, de la vérité et des vies humaines. "Dans l'Espagne d'alors comme dans tout changement de régime, il fallait reconstruire un pays sur des bases neuves en occultant et en enterrant des choses." (Le Matricule des Anges, 04/2013)

Conclusion : un livre peu facile, avec un message historico-politique certainement fort mais qui m'est plutôt passé à côté... Bien écrit !

L'auteur Javier Calvo est né en 1973. Il est écrivain et traducteur de David Foster Wallace et J.M. Coetzee.

--> Voir d'autres chroniques sur des lectures espagnoles dans Livres d'Europe...

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