samedi 18 août 2012

Beauté Animale

Grande affiche "Beauté animale" : "Tête d'orang-outan" (F. Pompon, 1930)
à l'extérieur, sous un ciel pluvieux

En profitant de l'expo Monumenta de Daniel Buren (qui m'a ensuite ouvert les yeux !), petit tour au Grand Palais voisin pour voir l'exposition consacrée à la Beauté Animale. D'une pierre deux coups.

Un thème, les animaux, que j'aime de toutes façons...

Et les magnifiques affiches de l'exposition placardées partout (soit :  RER et métro !) et montrant, ou la lionne mélancolique de Géricault, ou l'orang-outan malicieux de Pompon, m'avaient conquise !

Détail prosaïque :
un prix d'entrée exorbitant à mon avis, pour une exposition intéressante mais courte.
Et un éclairage laborieux + un froid de canard dû à une clim' mise à fond... Voilà pour les petites misères.

Donc "Beauté animale" est une expo consacrée exclusivement aux animaux, et aux animaux répondant à des canons de beauté... très variés ! (y compris les sympathiques et belles chauves-souris, araignées, serpents, madame vache et monsieur coq aussi...)
Pas d'humains dans l'expo.
Que des animaux en peinture, sculpture, empaillés, photographiés, filmés etc.
Des chiens, chats (représentés par Goya, par Manet...), des oiseaux (le dodo, l'autruche, les poules...), des animaux exotiques (girafes, singes, éléphants, etc.), des chauves-souris, insectes et coquillages (tiens : ce sont des animaux ?  bien sûr que oui ! et vos cours de sciences nat !).


De quoi nous rappeler le mouvement naturaliste à partir du 16e siècle. L'essor des cabinets de curiosité à la Renaissance, l'attrait du grand public pour les nouveautés des Colonies, les ménageries exotiques : la girafe Zarafa applaudie par la France en 1826...
Grâce à cette expo, j'ai appris que le peintre Audubon était... américain. j'ai découvert le tableau de Van Gogh représentant 5 superbes vaches, la sculpture par Degas d'un beau cheval, les moutons de Henry Moore, l'existence d'un membre de la famille Bugatti sculpteur etc.

Mes coups de coeur ont porté entre autres sur les oeuvres suivantes :

- Le superbe caniche "nouille" de Jeff Koons illustre le phénomène du  Petishism : terme associant Fetishism et Pet (animal domestique).
Je fus surprise de découvrir que ce caniche kitsch est une sculpture... en bois. J'aurais pensé à un prototype de résine et je ne sais quoi (mais tout sauf du bois).
Il fait vraiment un effet boeuf. Tout le monde reste des minutes à l'admirer. Avant de le voir "en vrai" (c-à-d en chair et en os, bien sûr), je trouvais cette image de chienchien à sa richissime mamie surfaite et inintéressante.
J'ai pensé au livre "Le cas Sneijder" de JP Dubois (excellent, really !!!), qui aborde la vie de chiens de race (haute) nord-américains financièrement privilégiés, mais pas tant que ça dans la vraie vie, où ils finissent par adorer leur promeneur de chien sans le sou et vice-versa.
Je suppose que l'artiste a voulu tourner en dérision les dérives du Petishism, notamment aux Etats-Unis, tandis que dans le monde apparaissent des hôtels pour chiens/chats, des salons de beauté et de détente coûteux, etc. pour des animaux devenus accessoires de dames.
Je trouve que Jeff Koons a parfaitement su reproduire le regard fier et sans malice du caniche. On pourrait penser que ce caniche trône au-dessus de sa beauté sans s'en soucier, il est au-dessus de ces considérations. Intérieurement il reste un caniche. Et je retrouve le même regard et le même port de tête (qu'on qualifierait d'altier chez un humain) sur la photo de mon teckel Cookie (qui n'a jamais connu un salon de toilettage de sa vie !).

- Belle surprise de découvrir Spider / la femme araignée : aquarelle de Louise Bourgeois
Louise Bourgeois : Spider (1994)

Louise Bourgeois (1911-2010) a peint cette aquarelle en 1994.

L'araignée symbolise sa mère, qui était tisserande et, comme l'animal,
"intelligente, patiente, rassurante, délicate, travailleuse, indispensable."

- L'odyssée de la girafe Zarafa : cadeau diplomatique offert en 1826 par le pacha d'Egypte Mehemet Ali au roi de France Charles X
 Ce fut la première girafe introduite en France, et la 3e en Europe. 
Capturée au Soudan, la girafe remonta le Nil en felouque, traversa la Méditerranée en bateau à voiles, puis, entreprit le périple à pied de Marseille à Paris.
Accompagnée de quelques vaches dont elle buvait le lait car elle n'était pas encore sevrée, elle traversa les régions de France à la plus grande surprise et joie des habitants. La traversée dura cinq semaines pour 800 km parcourus, et en juin 1827, Zarafa fut installée dans la ménagerie du jardin des Plantes où elle devint la coqueluche.
La "girafomania" se répandit et tableaux, services de tables, rideaux, fers à repasser etc. étaient ornés de girafes ! 
Zarafa mourut à l'âge de 21 ans, ce qui correspond à l'espérance de vie normale d'une girafe en liberté, et ce qui tend à prouver la qualité des soins dont elle fut entourée.
Les documents, illustrations, tableaux, coupures de presse présentés à l'exposition étaient très intéressants.

- Les sculptures de François Pompon (1855-1933) :

Orang Outan (affiche expo)
Je les ai trouvées magnifiques, pour leur simplicité et leur réalisme, et la beauté de la sculpture polie, qu'on a envie de toucher et caresser.
Je pensais ne pas connaître ce sculpteur animalier qui collabora avec Rodin.
Mais je me souviens à présent de l'imposant taureau exposé près de l'hôtel de ville de Saulieu, qui est une réplique en bronze d'une sculpture de Pompon commandée par la ville en hommage posthume.
"C'est le mouvement qui détermine la forme. (...) ce que j'ai essayé de rendre, c'est le sens du mouvement. Au Jardin des Plantes, je suis les animaux quand ils marchent.(...) Ce qui est intéressant, c'est l'animal qui se déplace."
"Je fais l'animal avec presque tous ses falbalas. Autrement je me perds. Et puis, petit à petit, j'élimine de façon à ne plus conserver que ce qui est indispensable." [source : wikipedia, d'après Catalogue Gallimard/Electa - RMN 1994, p.34)

- Les dessins d'artistes naturalistes illustrant les manuels de zoologie :
Ainsi, les insectes et coquillages peints avec tant de réalisme par Jan Van Kessel le Vieux (1626-1679), ou ceux de Jacques de Gheyn (1565-1629). On parle de "peinture savante"...

- Le Portrait de lionne : tableau de Théodore Géricault vers 1819

Affiche pub. quai RER
Affiche de l'expo avec la lionne
de Géricault
Le peintre est connu pour son Radeau de la méduse exposé au musée du Louvre.
Son portrait de lionne est très beau, et fut retenu pour l'une des affiches de l'expo.
Très beau aussi, son tableau représentant la tête d'un cheval blanc.

Mon clap de fin sur une note d'humour : photo d'une affiche mettant en scène un beau lion, prise sur le quai du RER.




En parlant de beauté animale, j'ajoute ma patte personnelle avec le portrait de Cookie, mon teckel poils ras, ma star...
Mon teckel poils ras, ma star...
-> Voir mes rubriques "chiens" - "araignées" - "coquillages" - "Expos"--

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...